Défini comme une manifestation à caractère festif ou une représentation artistique donnée, organisée à une époque fixe sur un thème et un lieu précis, le festival est en plus confronté à la problématique de la diffusion dans la sous-région Ouest africaine. Le manque d’ouverture des organisateurs de festival à d’autres personnes plus expérimentées et la mauvaise qualité de production des artistes et musiciens sont les principales conséquences. C’est ce qui fait dire à Babylas le directeur artistique du festival «Xeman Jong Fadiouth», que les artistes doivent faire l’effort d’offrir au public de la qualité et ne pas s’adonner à la facilité juste pour le buzz.
En décembre 2010, pendant trois semaines, le Sénégal a été la capitale culturelle de l’Afrique. Elle accueillait en effet le Troisième festival mondial des arts nègres, également connu sous le nom de FESMAN III, qui a attiré quelque 3200 participants, plusieurs chefs d’État ainsi que des artistes et créateurs reconnus de 80 pays. Célébration des arts et cultures d’Afrique, le festival offrait un riche programme de conférences, expositions et manifestations musicales et culturelles. Malheureusement, depuis cette réussite qui devrait être le point de départ de la domination des festivals africains dans le monde entier, nous avons vu le contraire. L’Afrique, le Sénégal en particulier n’a pas pu maintenir la flamme allumée. Pire encore, il rencontre d’énormes difficultés à diffuser et vendre ses rares manifestations culturelles et ses artistes au reste du monde. Cette faiblesse du modèle de diffusion artistique au Sénégal n’a pas laissé insensible certains promoteurs culturels. C’est le cas de Babylas Ndiaye. Selon le directeur artistique du festival «Xeman Jong Fadiouth» et coordonnateur artistique du projet Deedo, le principal blocage de la diffusion des festivals est l’amateurisme de certains promoteurs ainsi que le refus de s’ouvrir à des professionnels venus d’ailleurs. C’est pourquoi, selon lui, les festivals ne sont plus ce qu’ils devraient être. Si l’on en croit toujours à lui, quand on organise un festival dans une ville, toute cette ville doit le sentir, les artistes, les promoteurs, les musiciens, les hôtels, les commerçants, même les chauffeurs…car, un festival c’est aussi vendre une destination. Ayant participé à l’organisation du FESMAN ainsi que plusieurs autres festivals, Babylas estime que le Sénégal a un très faible modèle de diffusion artistique. Il propose ainsi de sortir du communautarisme et impliquer les acteurs expérimentés dans les organisations, acceptant de partager les expériences avec d’autres venus d’ailleurs. Ce message s’adresse également aux artistes de la sous-région qui peinent à s’imposer et vendre leur produit. Dans ce sens d’ailleurs, Babylas, dans son exposé, a cité l’exemple de Salif Keita, de Oumou Sangaré, de Alpha Blondy, et même de Fally Ipupa et tant d’autres qui ont réussi à tirer leur épingle du jeux car, ils sont très professionnels, très bien organisés artistiquement mais aussi parce que leur musique est très originale. Babylas Ndiaye s’exprimait lors de la troisième édition culturelle « Ndadje » initiée par Goethe Institut sur le thème : «L’état de la diffusion musicale – le cas des festivals en Afrique de l’Ouest.» sous la coordination du journaliste culturel monsieur Alioune Diop.
Régisseur général du Circuit Manding qui rassemble le Massa d’Abidjan, les Nuits Atypiques de Koudougou, le Djguele festival de Boundial et le Festival sur le fleuve Niger de Ségou, entre autres, Babylas Ndiaye suggère aux organisateurs des festivals de mettre en place des mécanismes afin de trouver d’autres moyens de financer leurs festivités car on ne peut pas tout attendre de l’Etat même si dernier est dans l’obligation d’accompagner.
Sadio FATY