Ibrahima Ndoye était entré dans l’histoire lorsque, contre toute attente, il avait soutenu, lors du procès de l’affaire des chantiers de Thiès, que son intime conviction est que Bara Tall n’avait rien fait de ce qu’on lui reprochait. Il avait d’inscrit une nouvelle page de l’histoire, en faisant arrêter Cheikh Béthio Thioune. C’est ce Ibrahima Ndoye qui vient d’être nommé Procureur de la République près le Tribunal de grande instance hors classe de Dakar par le Président de la République Bassirou Diomaye Faye.
En 2000, un jeune homme, nourri aux principes d’éthique et d’égalité, abreuvé à la science juridique, sort fraîchement du Centre de formation judiciaire (Cfj). Au Bloc des Madeleines, il «jure de bien et fidèlement remplir (ses) fonctions, de garder religieusement le secret des délibérations et de (se) conduire en tout comme un digne et loyal magistrat». Un serment qu’il compte respecter, malgré les vicissitudes de la vie et les tentations qui parsèment sa fonction de parquetier. Croyant reconnu, sérieux jusqu’au regard, la tâche qu’il s’est assigné semble ardue, mais pas impossible. Il suffit juste de s’armer d’une bonne dose de foi, d’une cuillérée de courage, et d’une pincée d’équité. Le reste relève du domaine de Dieu.
Affecté au Bloc des Madeleines comme substitut du procureur de la République, puis à Kaolack, il gravit vite les échelons. Ses réquisitoires sont limpides et biens articulés. Il ne tarde pas à gravir les échelons. En 2009, il est nommé Premier substitut du Procureur de la République, Ousmane Diagne. Il se montre effacé, mais efficace. Et surtout courageux dans ses prises de position.
Le 10 mars 2011, à l’occasion de la Rentrée solennelle de la conférence du stage 2011, organisée par le barreau sénégalais, il prend le contre-pied de tous ceux qui magnifient la dépénalisation du délit d’émission de chèque sans provision, estimant que ce type d’infraction «est une gangrène, puisqu’elle permet tout simplement aux escrocs d’accéder au patrimoine des Sénégalais».
Deux mois plus tard, il entrait dans l’histoire. Le vendredi 20 mai 2011, alors qu’il avait reçu des réquisitions écrites de sa hiérarchie lui enjoignant de requérir 5 ans ferme contre Balla Tall et Cie dans l’affaire des chantiers de Thiès, il honore le principe qui voudrait que la «plume (soit) serve et la parole libre», en suivant les injonctions du parquet, tout en ajoutant que son intime conviction est que le patron de Jean Lefebvre n’a rien fait de ce qu’on lui reprochait.