Alors que le choléra a été éliminé dans plusieurs régions du monde suite à de grands travaux d’assainissement et à l’amélioration de l’accès à l’eau potable, cette maladie infectieuse transmise par l’ingestion d’eau ou d’aliments souillés par le Vibrio Cholerae ou Bacille Virgule demeure l’un des plus importants fléaux de santé publique en Afrique, et ce malgré les efforts nationaux et internationaux pour répondre aux flambées épidémiques successives. C’est la raison pour laquelle, en marge de la cérémonie d’ouverture du Forum de l’eau au Sénégal, la Fondation Veolia et l’Institut Pasteur de Dakar ont posé le débat lors d’un panel ce lundi. « Replacer l’eau, l’hygiène et l’assainissement au cœur des stratégies pour l’élimination du choléra et le contrôle des autres maladies diarrhéiques en Afrique » : tel est le thème central auquel les différents intervenants ont apporté des réflexions. Ont pris part à cette rencontre de haute facture, Docteur Amadou Alpha Sall, administrateur général de l’institut Pasteur, docteur Didier Bompague Nkoko, responsable du service d’écologie et de contrôle des maladies infectieuses à la faculté de Médecine de l’Université de Kinshasa, docteur Thierry Vandevelde délégué général de la Fondation Veolia par ailleurs secrétaire de l’Alliance Globale de lutte contre le choléra (GAAC), l’Ambassadeur représentant du NEPAD monsieur Amadou Diallo, docteur Ibrahima Assane Mayaki, président du GAAC, entre autres.
Seule une stratégie multisectorielle, pilotée par un leadership local renforcé, permet d’éliminer durablement le choléra, si l’en croit docteur Thierry Vandervelde
« Nous sommes ici à l’Institut Pasteur de Dakar qui est un lieu emblématique en matière de médecine et de santé. Et également, dans le cadre du Forum de l’eau qui se tient actuellement au Sénégal dont la cérémonie d’ouverture a eu lieu ce matin, pour rappeler que l’amélioration de l’accès à l’eau, dont l’accès à l’assainissement est belle façon de lutter contre les maladies hydrauliques, les maladies diarrhéiques notamment le choléra. Il a eu une série d’interventions qui ont rappelé que le choléra est une maladie qui concerne encore beaucoup trop de pays, notamment en Afrique. Mais ce n’est pas une fatalité puisqu’on pourrait arriver à l’élimination mais également contrôler d’autres maladies hydrauliques en améliorant l’accès au service de l’eau, de l’assainissement, de l’éducation à l’échelle… », a martelé le Dr Vandervelde. Il reste convaincu qu’il est possible d’éliminer le choléra en se donnant les mains par une approche multisectorielle, en impliquant l’ensemble des parties prenantes, non seulement les ministères de la santé mais également d’autres ministères, la société civile, les sociétés privées… « Nous avons une méthode et on sait comment éliminer le choléra. C’est d’ailleurs ce qui a été fait en Europe, plus récemment en Haïti depuis maintenant 3 ans », ajoute-t-il.
D’après le délégué général de la fondation Veolia, l’objet de cet appel de Dakar est d’appuyer sur l’expérience de notamment la République démocratique du Congo mais aussi de dupliquer cet appel dans d’autres pays africains. Car, selon toujours lui, il existe en Afrique des compétences, de grands scientifiques, des décideurs, donc ce problème peut être porté par ces gens-là. Et d’ajouter qu’une partie de l’appel est aussi de mobiliser des grands bailleurs aussi bien au national qu’au niveau international pour financer de large programme pour l’éradication définitive de ces maladies susmentionnées.
L’ambassadeur Amadou Diallo Nepad affirme que l’Union africaine est en train de faire en sorte pour harmoniser les efforts des différents pays africains dans ce sens.
“l’AUDA-NEPAD s’emploie à accompagner les pays, les communautés économiques régionales dans les stratégies de développement d’infrastructures hydriques dans le sens d’avoir une bonne qualité de l’eau et un bon assainissement. On les accompagne aussi dans la mobilisation des ressources pour trouver des partenaires au développement qui seront présents pour appuyer cette initiative”, souligne-t-il.
Pour éliminer définitivement le choléra en Afrique et parvenir à un meilleur contrôle des autres maladies diarrhéiques, les panélistes ont appelé, à l’occasion du 9e Forum mondial de l’eau à Dakar, à changer de paradigme et impliquer tous le monde.