03 mars 2021- 03 mars 2022 : Un an jour pour jour de violents affrontements opposaient les forces de l’ordre aux partisans d’Ousmane Sonko alors que ce dernier répondait à une convocation pour « viols et menaces de mort » par une employée d’un salon de beauté, ce que son camp dénonce comme une « tentative de liquidation politique » de la part du président Macky Sall. Ces manifestations ont causé 13 morts, des blessés, des pillages et saccages des biens publics et privés….
La plainte de Adji Sarr, selon laquelle, le leader de l’opposition Ousmane Sonko l’aurait violée à plusieurs reprises puis l’aurait menacée de mort a eu l’effet d’une bombe à Dakar.
En effet, l’accusation de viol portée en février contre Ousmane Sonko, président du Parti patriote sénégalais pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF), a conduit aux émeutes les plus violentes de la décennie. Treize jeunes y perdront la vie.
Et pourtant, jusqu’au 3 février 2021, personne n’aurait pu deviner que les événements qui se seraient déroulés dans le salon de beauté nommé « Sweet Beauty » à Dakar pourraient déclencher un processus qui entraînerait des morts, des pillages et des saccages.
Cette accusation à l’encontre de Sonko, candidat à la dernière élection présidentielle de 2019 lors de laquelle il est arrivé troisième avec 15 % des voix, et ayant d’ores et déjà annoncé et souligné à maintes reprises qu’il serait candidat en 2024, a bien sûr soulevé la question d’une éventuelle bataille politique derrière la bataille juridique.
En réponse aux accusations le visant, Sonko a déclaré qu’il avait essayé diverses méthodes de physiothérapie depuis son enfance, alors qu’il souffre de douleurs au cou. Déclarant manquer de moyens pour d’autres formes de thérapies, Sonko a ajouté qu’il ne pouvait que se rendre à un massage régulier, notamment dans ce salon de massage suggéré par un ami. Il a catégoriquement nié toutes les allégations et déclaré qu’il s’agissait d’une conspiration de l’actuel président Macky Sall.
Bien que Sonko ait réfuté les accusations, le processus judiciaire a officiellement commencé suite au dépôt de plainte de Sarr au bureau du procureur le 3 février dernier. L’immunité parlementaire de Sonko a également été levée lors de la session parlementaire du 26 février.
Bien qu’il ait initialement refusé, Sonko a dû se résigner à accepter de témoigner, notamment sous la pression du clergé et de la société civile. Le désir de Sonko de se rendre à la Cour de Dakar avec un imposant cortège pour l’accompagner, a changé le cours des événements. Les forces de sécurité ont demandé à l’opposant de réduire à cinq le nombre de véhicules l’accompagnant, mais leurs demandes n’ont pas été satisfaites par Sonko qui a attendu avec ses partisans sur la route côtière pendant environ trois heures et n’a pas été autorisé à passer outre le barrage sécuritaire, pour finalement être arrêté avec le motif invoqué de « trouble à l’ordre public ».
Cette détention à laquelle personne ne s’attendait, a déclenché des incidents violents rarement constatés dans l’histoire du Sénégal. Les partisans de Sonko, principalement des jeunes, dont de nombreux étudiants, se sont rassemblés dans plusieurs quartiers de la ville pour protester contre sa détention. Avec l’intervention de la police contre les manifestants, les affrontements entre les partisans de l’opposant et les forces de sécurité se sont poursuivis jusqu’à tard dans la journée ; Cependant, les violents incidents dont on se souviendra pendant de nombreuses années ont eu lieu le vendredi 5 mars.
La colère populaire s’est accrue après la détention de Sonko pendant plus de 48 heures. D’autres groupes d’opposition au gouvernement sont venus renforcer les rangs des protestataires, descendus dans les rues le vendredi 5 mars à travers l’ensemble du pays. Bien que les événements aient débuté avec juste des appels à la libération de Sonko, ils ont dégénéré par la suite, se transformant en manifestations de masse à l’échelle du pays contre le président Macky Sall et son gouvernement.
Le lundi 8 mars, Conduit au tribunal tôt dans la matinée, l’opposant comparaissait devant Samba Sall, le doyen des juges, qui l’a inculpé, a cependant décidé de sa libération et de son placement sous contrôle judiciaire, « assorti de certaines conditions ».
Un an après, toujours le procès n’a pas eu lieu malgré la pression des familles des 13 victimes. Tout récemment, Adji Sarr a fait une sortie avec nos confrères de LE MONDE où elle dit vouloir quitter le Sénégal et devenir féministe afin de défendre des femmes qui vivent la même situation. Pour sa part, le leader de Pastef a été élu maire de Ziguinchor et est un sérieux prétendant pour le fauteuil présidentiel en 2024.
Ainsi, tout montre que cette affaire n’est pas encore à l’ordre du jour compte tenu des positions politiques des uns et des autres. Cependant, l’on se demande si les victimes et les familles des victimes auront réparation ?